Le Gardois champion de France 2021 Joannes Richard : du burger nîmois… au rêve américain ?

By admin
27 juillet 2022

Alors qu’il possède déjà deux affaires dans Nîmes, le trentenaire s’associe avec un autre champion de France de Burger pour lancer une chaîne qu’il imagine déjà incontournable.

Il arrive en retard avec un flegme et une décontraction savamment étudiés. Mieux vaut pourtant ne pas se fier à l’allure dilettante du jeune homme.

Joannes Richard, 30 ans, sait ce qu’il veut et ne cache pas sa ferme intention de tout mettre en œuvre pour l’obtenir. Casquette US vissée sur des cheveux mi-longs.

Regard d’aigle teinté azur. Un maillot de la NFL d’une de ses équipes de football américain favorites. Nul besoin de mener une longue enquête pour découvrir que l’Amérique c’est son Eldorado.

L’Amérique, il la veut et il l’aura

« Je n’y suis jamais allé et pourtant je sais que j’y travaillerai. Peut-être même que c’est là-bas que je poserai mes valises pour de bon. » Les grands espaces, les grosses voitures et puis « le droit d’entreprendre et de réussir sans que l’on vous regarde de travers ou que l’on vous jalouse. Aux USA, les chefs d’entreprise sont respectés. En France, gagner de l’argent c’est mal vu. Ce n’est pas normal. Créer des entreprises c’est créer de l’emploi et donc du pouvoir d’achat. »

Et son filon à lui, c’est la restauration. Si la nourriture a toujours fait partie de sa vie, et pas toujours pour des raisons gourmandes d’ailleurs. « Je fais partie de ces gens qui, lorsqu’ils font le moindre écart, prennent du poids, c’est comme ça ».

Joannes ne se rêvait pas chef cuistot pour autant. Il ne se projetait pas tout court. Quand enfant, il ne coupait pas au traditionnel : « Alors tu veux faire quoi quand tu seras grand ? », il répondait souvent en toute honnêteté « je ne sais pas. »

Élevé dans une famille où avoir de bonnes notes à l’école était la règle, doté lui-même de « certaines facilités d’apprentissage », Joannes ne voyait pas bien l’intérêt de s’imaginer pompier ou vétérinaire. Comme le faisaient volontiers les autres enfants.

La rage de vaincre

Les bons résultats étaient là. Tous les possibles aussi donc. Et tant que les copains, le rugby et les troisièmes mi-temps demeuraient, à quoi bon se biler ? « J’ai grandi dans cette ambiance dans le sillage de mon père rugbyman. Le dimanche, c’était le stade et les 3e mi-temps. La fête. L’esprit de famille. Ça fait partie de moi. » Le petit garçon « rêveur et artiste », s’avère un redoutable compétiteur un ballon entre les mains.

Un trait de personnalité qui lui colle toujours au maillot. Car comme en terre d’Ovalie, c’est dans l’adversité qu’il se révèle. La rancune tenace saupoudrée de la volonté d’être le meilleur et d’un arrière-goût d’injustice forme le cocktail détonant de la rage de vaincre dont est pétri le jeune homme.

En attesteront – contraints et forcés – ceux qui ont fait l’erreur de douter un jour de sa détermination. « Quand je me suis lancé dans la restauration, certains n’ont pas mâché leurs mots en disant que j’étais mauvais. Il semblerait qu’ils se soient trompés », lâche-t-il dans un sourire ironique. Trois ans après ses débuts dans le milieu, Joannes rappelle fièrement qu’il ne cesse d’avancer. « Je ne reste jamais sur une défaite. »

Champion de France en 2021

Après le Bird, chaleureux restaurant monté à Nîmes en 2018 qu’il quitte quelques mois après, pour cause « d’incompatibilité d’humeur » avec son associé, il découvre par hasard que le mythique local, rue de l’Étoile, où Jany met le feu aux ferias depuis des lustres, est à vendre. En quelques heures, la reine des nuits nîmoises accepte de lui vendre et naît à la place un bar à rhum.

La fréquentation satisfait le jeune patron qui déjà pense à l’après. Nouvelles créations, nouvelles victoires. Avec fanfares et trompettes. Joannes décroche en 2021 le titre de champion de France ex-æquo des burgers et met le terroir gardois à l’honneur tous les midis dans son restaurant des Halles baptisé « Chez Jo ». « J’avais besoin d’une validation je pense. Ce titre est un vrai soulagement pour moi. Ça veut dire, OK vous êtes fait pour ça. C’est votre voie. »

Ce titre, c’est une validation, ça veut dire OK vous êtes fait pour ça, c’est votre voie

Depuis, ce grand anxieux tendance manque de confiance en soi respire mieux. « Tout ce cheminement m’aide à grandir. Ce qui m’importe c’est devenir la meilleure version de moi-même et aller au bout de mon rêve. » Qui est ? « Réussir dans les affaires pour être rentier le plus vite possible et ne plus dépendre de l’argent. Et me consacrer ensuite peut être à l’humanitaire. »

Et le Nîmois a déjà tout prévu. À commencer par son association avec Nicolas Willaume, champion de France de burgers 2018 et Laudunois de son état. En bons voisins, les deux cuistots ont décidé d’unir leurs tabliers. Et de donner vie à une franchise de restaurants proposant des burgers réalisés uniquement avec des produits d’excellente qualité et fruits du travail d’artisans talentueux.

Le premier ouvrira en 2022 dans le Gard, bien sûr, et deviendra peut-être le sésame pour une carrière américaine.

Le roi des burgers en quelques dates

Le 19 avril 1989, à Nîmes, naissait Joannes. Fils unique, il a grandi à Saint-Hilaire-d’Ozilhan avec ses parents, fonctionnaires tous les deux.

Après s’être originellement destiné à un parcours professionnel dans le milieu du sport, il se réoriente rapidement vers un BTS diététique pour combiner ses deux passions : le sport et la nourriture.

En 2018, finalement, au gré de ses quatre heures de cuisine hebdomadaires, et après avoir exercé deux ans en libéral, il tombe amoureux de la restauration et se lance dans sa première affaire, Le Bird.

Il achète l’ancienne bodega de Jannie, en 2019, et crée Le Paradis perdu, un bar à rhum et cave à cigares, deux de ses passions.

En octobre 2020, après avoir travaillé avec Thibaut quelques mois, il rachète le resto des Halles et ouvre « Chez Jo ».

Retrouvez l’article original sur : https://www.midilibre.fr/2021/10/24/joannes-richard-ou-le-reve-americain-9887327.php

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